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Ouverture 2014

mardi 16 septembre 2014, par Bernard Feltz, Charlotte Luyckx

Introduction aux séances du séminaire du Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur la Crise Écologique.

Charlotte Luyckx

** Genèse du GRICE

  • Recherches doctorales
  • Groupe Quel futur (http://www.quelfutur.org/)
  • Groupe de contact FNRS « Redéfinir la prospérité » (I. Cassiers)

** Peut-on encore parler de crise écologique ?

« Aucun des traits temporels caractéristiques de ce qu’est une crise – un avant, un temps court de rupture, un après avec un retour à une normalité, fût- elle différente – n’est ici satisfait. Autrement dit, nous sommes en train de sortir d’une ère d’abondance de trois siècles, avec à l’arrière-plan des conditions naturelles d’existence stables, pour entrer dans une ère indéterminée de rétrécissement de l’écoumène comme de nos capacités d’action, marquée au sceau de la violence et de l’instabilité des éléments naturels. Une ère d’abondance espérée en premier lieu (...) [cède la place à] une ère de finitude (...). » (Dominique Bourg)
.

** Un phénomène complexe : topo de la situation

  1. Liées aux ressources indispensables à nos activités économiques
    Pic pétrolier, gaz de schiste, épuisement des gisements de minéraux, consommation de matière des énergies renouvelables, épuisement des nappes phréatiques, augmentation du niveau des mers, acidification des océans, diminution de la biomasse marine (80%)
  2. Liées à la saturation des capacités de charge de la biosphère
    9 domaines dotés d’un seuil de dangerosité : Climat, Biodiversité, cycle de l’azote, déplétion ozone stratosphérique, acidification des océans, usage de l’eau douce et des sols, quantité et qualité de la pollution chimique.
    => Seuil critique dépassé.

Thèses à discuter :

  • La situation est critique du point de vue de l’écologie scientifique.
  • A l’heure actuelle, il n’y a pas de solution de substitution strictement « technique » aux différents problèmes (CO2 en particulier).
  • La transition doit passer une remise en question de l’idéal de croissance économique (découplage ?).
  • Ceci nous force à questionner la vision politique de la « prospérité », du « développement », qui s’articule à une certaine vision de l’humain, de la nature, de la vie en société.

** Une approche inexorablement interdisciplinaire

Bernard Feltz

** 1. Les rapports homme-nature

*** 1.1. Le rapport ‘cartésien’ à la nature

  • sujet-objet : la nature est un ensemble d’objets à disposition de l’humain, seul être respectable au sens éthique
  • animal-machine
  • domination
  • externalité
  • aucun concept de « respect de la nature »

*** 1.2. L’écologie scientifique

  • écosystème : ensemble des interactions des diverses espèces vivantes entre elles et avec l’environnement physique (Tansley, 1935)
  • sujet/objet
  • participation (non externalité)
  • stocks finis
    • En amont de l’activité humaine
    • En aval de l’activité humaine
  • attitude « critique » vis-à-vis de la science
  • autres rapports au temps et à l’espace
  • prise en compte de la complexité
  • respect de la nature : contrainte environnementale

*** 1.3. Deep Ecology ou « Écologie profonde »

  • Refus de l’anthropocentrisme et de l’anthropogénisme : deux sources
    • Philosophie romantique et ‘fusion avec la nature’
      • A. Naess (Norvège), A. Leopold (États-Unis) rapports fusionnels à une nature restée ‘sauvage’
    • Écologisme scientifique totalisant
      • J. Lovelock : hypothèse « Gaia » : planète Terre considérée comme un organisme
      • espèce humaine : cancer, « tissu » dangereux pour l’équilibre de l’organisme
      • valeur intrinsèque accordée aux animaux
    • respect de la nature : soumission aux lois de la nature qui « donne des leçons »

*** 1.4. Au-delà du fonctionnel : les dimensions esthétique et symbolique du rapport à la nature

  • la dimension esthétique
  • la dimension symbolique d’histoire commune : théorie de l’évolution et naturalisation de l’humain (H. Jonas)
  • « At home in the Universe » St. Kauffman
  • respect de la nature
    • éthique anthropocentrée
    • « patrimoine commun de l ’humanité » et espèces en voie de disparition
    • dimension esthétique : « paysage »
    • qualité de la vie

** 2. Nature, culture et modernité

*** 2.0.a Le projet moderne

  • primat de la subjectivité
  • être humain rationnel capable
    • d’un accès à la vérité (Descartes 17ème siècle)
    • de se donner une éthique (Kant 18ème siècle)
    • de s’organiser en société démocratique
      • 1689 Angleterre, 1776 États-Unis, 1789 France, 1831 Belgique
      • concept de « progrès » (Bacon, 6 Condorcet)

*** 2.0.b Modernités contemporaines

  • post-modernité (Lyotard) : position relativiste, abandon de l ’universel
    • abandon des grands récits
    • la science comme maîtrise technique
    • valorisation du différend
  • modernité critique : confiance critique en la raison
    • « Une connaissance critique doit être en mesure de se juger, de
      discerner ce qui en elle est pertinent par rapport à l ’entreprise
      même qu’elle constitue, et par le fait même aussi de se prononcer
      sur la valeur et les limites de validité de ce qu’elle finit par
      proposer. » (J. Ladrière)
    • « Maîtrise de la maîtrise » : aboutissement de l’intuition moderne

*** 2.1. Cartésianisme, nature et modernité classique

  • 19ème siècle et 1ère moitié 20ème siècle
  • concept pré-critique de progrès
    • lien automatique entre nouveauté technologique et progrès pour l’humanité
  • conception pré-critique des rapports science/vérité
  • ‘Idéalisme’ dans le rapport au corps : mépris du corps
  • ‘Idéalisme’ dans le rapport à la culture : c’est la grandeur de l’être humain de n’être pas ‘de nature’

*** 2.2. Écologie profonde et pensée pré-moderne

  • Source ‘romantique’, fusionnelle
  • Écologisme totalisant
    • Refus de l’anthropocentrisme entraîne le refus de la ‘modernité‘
    • Pensées prémodernes
    • ‘Réalisme’ dans le rapport à la nature

*** 2.3. Écologie scientifique et modernité « critique »

  • « Maîtrise de la maîtrise » : aboutissement de l’intuition moderne
  • conception critique du progrès
  • Développement durable
  • Citoyenneté responsable
    • Perspective universaliste avec attention à la différence
  • Mais conception pré-critique des rapports science/vérité
  • Rapport fonctionnel à la nature

*** 2.4. Symbolique et modernité « critique » élargie

  • conception critique du progrès
  • conception critique des rapports science/vérité
  • « Maîtrise de la maîtrise » : conscience plus radicale des limites de la science avec fidélité aux intuitions modernes
  • Au-delà du rapport fonctionnel : une prise en compte ‘moderne’ des dimensions symbolique et esthétique
  • « avant-garde » de la modernité

Lecture transversale

Penser la transition :

  • Psychologie et sociologie des changements sociaux
  • Initiatives locales/globales de transition (groupements d’achat, transition towns (Hopkins), écovillages/écoquartiers, AMAP)
  • Géopolitique (mouvements migratoires)
  • Gouvernance et adaptation du modèle politique pour penser la crise écologique (échelles temporelles spatiales vs état nation)
  • Justice environnementale (répartition des « goods and bads » environnementaux).
  • Modifier en profondeur les pratiques sociales et économiques (une société post Carbone ?)

Référence