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Le poids de la contrainte énergétique sur la (dé)croissance économique
mardi 31 mars 2015, par
Louis Possoz
- Ingénieur, chercheur en thermodynamique et en énergie,
- Membre de l’Observatoire sur le Relais Médiatique des Enjeux Énergétiques (ORMEE).
- Il s’intéresse aux liens existants entre les domaines de l’énergie et de l’économie.
- Sa carrière d’ingénieur-conseil dans les domaines des énergies (fossile et renouvelable) en Belgique et en Afrique (Congo et Maroc) l’a mené à effectuer des recherches théoriques et appliquées sur l’utilisation rationnelle de l’énergie (URE) en partenariat constant avec le monde académique (principalement L’UCL).
- Il est à l’origine du groupe de réflexion « Quel futur ? » (un groupe de réflexion scientifique interdisciplinaire sur l’urgence environnementale et les réponses politiques, sociales, économiques et technologiques envisageables) dont le GRICE constitue le prolongement.
Poids de la contrainte énergétique sur la (dé)croissance économique
Le contexte est étonnant :
- Les gouvernements aspirent tous à la croissance économique (pour l’emploi).
- Mais il faudra abandonner l’essentiel des combustibles fossiles dans le sous-sol préviennent les scientifiques.
Est-ce vraiment compatible ?
Couplage économie-énergie
Pourtant, croissance économique et croissance de la consommation d’énergie sont inextricablement liées. Le simple constat par les chiffres du PIB et de la consommation d’énergie est validé par celui de la physique de la production industrielle, associant irréductiblement transformation et énergie.
Les exemples de découplage parfois évoqués pour les pays développés ne sont qu’apparents. Ils résultent d’une comptabilité de l’énergie qui ne tient pas compte des délocalisations industrielles.
Progrès technique
D’autre part, les possibilités d’accroître la production d’énergie ou de l’utiliser plus efficacement sont limitées. L’accès aux énergies renouvelables par exemple pose des problèmes qui croissent avec leur développement massif.
Théories économiques
Le débat entre la physique et l’économie (orthodoxe) était déjà en cours lors la parution des "Limites de la croissance" et des réactions virulentes qu’il a suscitées de la part des économistes dans la presse et dans les revues d’économie. Seule l’économie écologique, une des branches hétérodoxes de l’économie, prend en compte les limites des ressources naturelles, de l’efficacité énergétique et de la substituabilité.
Pour la physique, l’énergie est non substituable. Rien ne peut la remplacer.
De plus, la quantité d’énergie nécessaire pour produire un objet donné ne saurait tendre vers zéro. Elle tend vers une limite physique dont les technologies modernes sont déjà relativement proches. Ceci impose une limite asymptotique à la croissance de la production par l’efficacité énergétique.
Effet rebond
Enfin, les politiques d’économies d’énergie (isolation des bâtiments par exemple) n’en sont généralement pas dans la mesure où les gains financiers réalisés sont simplement utilisés pour d’autres consommations. Il ne s’agit pas d’une réelle économie d’énergie mais plutôt d’un transfert de la consommation d’énergie.
Bref retour
Petit retour sur le débat de la séance :
- Décroissance économique et “ecological economics”
- Arguments des limites technologiques
- Arguments de justice sociale
- Arguments existentiels
- Pessimisme / optimisme
- Changement social / changement de comportements
(sociologie, psychologie des changements sociaux)
Référence
- Dominique BOURG, « Développement durable », in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX L., CHATEAURAYNAUD F., FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D. (dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, Paris, GIS Démocratie et Participation, 2013, ISSN : 2268-5863.